L’article L 3211-10 du Code de la santé publique dispose : « Hormis les cas prévus au chapitre III du présent titre, la décision d’admission en soins psychiatriques d’un mineur ou la levée de cette mesure sont demandées, selon les situations, par les personnes titulaires de l’exercice de l’autorité parentale ou par le tuteur. En cas de désaccord entre les titulaires de l’exercice de l’autorité parentale, le juge aux affaires familiales statue. »
La Cour de cassation a récemment précisé ces dispositions.
En effet, le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Vannes a présenté une demande d’avis auprès de la Cour de cassation en ces termes :
« L’article L. 3211-10 du code de la santé publique s’analyse-t-il comme interdisant toute mesure d’hospitalisation d’un mineur à la demande d’un tiers ou limite-t-il la qualité de tiers demandeurs aux seuls titulaires de l’autorité parentale ? »
Dans son avis du 18 mai 2022, la Haute juridiction rappelle dans un premier temps qu’un mineur peut faire l’objet de soins psychiatriques, sous la forme d’une hospitalisation complète :
- « à l’initiative des titulaires de l’exercice de l’autorité parentale, qui, chargés conformément à l’article 371-1 du code civil de le protéger dans sa santé, demandent son admission et autorisent les soins sur le fondement des articles L. 3211-10 et L. 3211-1, alinéa 1er, du code de la santé publique, le juge aux affaires familiales statuant en cas de désaccord entre eux, ou à l’initiative du tuteur. Le mineur est alors en soins psychiatriques libres en application de l’article L. 3211-2, alinéa 1er, de sorte que sa situation n’est pas soumise au contrôle du juge des libertés et de la détention et que ne peuvent être mises en oeuvre un isolement ou une contention, mesures de dernier recours qui, selon l’article L. 3222-5-1, ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. Le mineur, dont le consentement doit être recherché, conformément à l’article L. 1111-4, et qui conteste les soins psychiatriques, a, selon l’article 375 du code civil, la possibilité de saisir le juge des enfants au motif que sa santé est en danger ou que les conditions de son développement sont gravement compromises.
- sur décision de placement prise par le juge des enfants en assistance éducative sur le fondement des articles 375, alinéa 1er, et 375-3, 5°, du code civil et dans les conditions prévues à l’article 375-9, si sa santé est en danger et si sa protection l’exige, ou par le procureur de la République, en cas d’urgence, à charge pour lui de saisir dans les huit jours le juge compétent sur le fondement de l’article 375-5, 2°. Aux termes de l’article R. 1112-35, alinéa 4, du code de la santé publique, lorsque la santé ou l’intégrité corporelle d’un mineur risquent d’être compromises par le refus du représentant légal du mineur ou l’impossibilité de recueillir le consentement de celui-ci, le médecin responsable du service peut saisir le ministère public afin de provoquer les mesures d’assistance éducative lui permettant de donner les soins qui s’imposent.
- sur décision du représentant de l’Etat dans le département, prononçant son admission en soins psychiatriques sans consentement lorsque, selon l’article L. 3213-1 du code de la santé publique, il est atteint de troubles mentaux qui nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public. Il peut alors, dans les conditions prévues à l’article L. 3222-5-1 précité, être placé en isolement ou sous contention pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour lui ou autrui. Le juge des libertés et de la détention exerce un contrôle obligatoire et systématique de la mesure, en application de l’article L. 3211-12-1, et peut, sur le fondement de l’article L. 3211-12, à tout moment, se saisir d’office ou être saisi aux fins de mainlevée immédiate soit de la mesure de soins psychiatriques, soit de la mesure d’isolement ou de contention, par les personnes visées à ce même texte.
- sur décision de la chambre de l’instruction ou d’une juridiction de jugement, prononcée à la suite d’une déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, en application de l’article 706-135 du code de procédure pénale. Le régime de cette hospitalisation est, pour l’essentiel, celui prévu pour les admissions en soins psychiatriques prononcées en application de l’article L. 3213-1 précité. »
Dans un second temps, la Cour de cassation précise :
« L’article L. 3211-10, qui ne prévoit que l’admission en soins psychiatriques libres à la demande des titulaires de l’exercice de l’autorité parentale ou du tuteur et, par renvoi au seul chapitre III du titre 1er, l’admission en soins psychiatriques contraints sur décision du représentant de l’Etat, exclut par conséquent l’admission en soins psychiatriques contraints sur décision du directeur d’établissement à la demande d’un tiers ou des titulaires de l’exercice de l’autorité parentale. »
Ainsi, la Cour de cassation considère dans son avis que l’article L. 3211-10 du code de la santé publique doit s’analyser comme interdisant toute mesure d’hospitalisation d’un mineur décidée sur le fondement de l’article L. 3212-1 du code de la santé publique par le directeur d’établissement à la demande d’un tiers ou des titulaires de l’exercice de l’autorité parentale.
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